Une semaine en Côtes-d'Armor

8 Mars 2021

Ayant déjà fait un séjour en Côtes-d'Armor il y a quelques années et donc ayant déjà vu les magnifiques sites de la Côte de Granit rose (Trégastel, Perros-Guirec, Ploumanac'h), l'île de Bréhat et le cap Fréhel nous avons choisi cette fois de passer une semaine pour visiter d'autres endroits remarquables de ce beau département.

Notre port d'attache a été Saint Quay-Portrieux, plus précisément Portrieux dans un appartement avec vue sur la mer à 8 minutes à pied du vieux port (appartement trouvé sur le site des Gîtes de France).

Arrivés en milieu d'après-midi nous avons eu la chance de pouvoir nous garer au vieux port (stationnement gratuit qui plus est !) et de découvrir la mer à marée basse, très basse même puisque le cofficient de la marée était de 105 :

Époustouflant pour qui n'est pas habitué au phénomène de marée. Une amie suisse à qui nous avons envoyé la photo nous a sur le champ répondu "Qui a volé la mer ?".

Les activités balnéaires habituelles (bateau notamment) sont reportées au delà de la digue du port :

Le paysage diffère quelques heures plus tard :

Et à marée haute la vision du port n'a plus aucun rapport avec celle à marée basse :

Portrieux est très sympathique, à notre avis plus que Saint Quay, mais nous reconnaissons que pour la baignade les plages de Saint Quay ont l'air très agréables (la baignade n'a jamais été notre passion et cela n'a pas évolué avec l'âge).

Donc nous avons décidé ce commencer à tester le fameux GR34 appelé aussi "chemin des douaniers" qui fait le tour de la Bretagne du Mont saint-Michel à Saint-Nazaire (soit environ 2 000 Km !).

Début juste pour voir, depuis Portrieux jusqu'à Saint Quay. Les vues sur la côte et la mer sont quasi permanentes. La mer change souvent de couleur. Début en bleu :

Le GR34 est souvent balisé par des petites rambardes blanches auxquelles on s'habitue vite après avoir pourtant trouvé qu'elles ne s'intégraient pas au paysage :

Côté terre, de temps en temps de belles maisons plus ou moins bien cachées par la végétation et parfois des horreurs comme cet hôtel construit au pied d'une construction plus ancienne :

On se demande comment une telle construction architecturale a pu être autorisée à cet endroit (quand parallèlement on sait que des particuliers peuvent voir un simple percement pour un fenestron être refusé dans des secteurs qui n'ont rien de remarquables par exemple).

Arrivant à Saint Quay, il y a cette vision étrange entre les deux belles plages, d'un plongeoir émergeant au dessus de la mer et d'une rambarde que l'eau engloutit ou fait réapparaître au fil des vagues :

On comprend mieux, quelque temps après lorsque la mer est basse, que c'est une piscine dont l'eau est renouvelée par la mer deux fois par jour (et quatre fois en 24 heures et 30 minutes puisque c'est la durée de deux marées successives hautes et basses).

Le retour vers Portrieux à marée basse permet de passer un peu par la plage où le varech (ou goëmon) apporte de nouvelles couleurs et de nouvelles senteurs pleines de fraicheur :

Deuxième promenade depuis les falaises de Plouha jusqu'au port de Gwin Zegal. Le GR34 passe tantôt en bord de mer tantôt légèrement en intérieur sous des arbres. Quelques montées et descentes pas très méchantes : la promenade est fort agréable. L'eau continue de changer de couleur selon l'état du ciel ou l'angle de vision par rapport au soleil. Fougères très caractéristiques de cet endroit, rochers rouges plongeant dans la mer et petits ilôts émergeant plus ou moins haut selon l'heure de la journée :

Une mer bleue et verte à la fois :

Un ilôt dangereux signalé par un petit phare et la maison du gardien :

Puis le très joli port de Gwin Zegal, un des derniers ports à pieux de France.
Les pieux (en fait des troncs d'arbres de 8 à 10 mètres) servent de bouées de mouillage aux bateaux.

Les premiers pieux auraient été plantés au Ve siècle ! Pour ne rien gâter le paysage est superbe :

Non loin de Plouha, une chapelle étonnante : la chapelle de Kermaria-an-Iskuit construite au XIIIe siècle et complétée au XVe siècle puis XVIIIe siècle :

Le porche sud présente des statues en bois polychrome qui ont à peu près résisté aux agressions du temps (sauf les deux situées à l'extérieur qui ont souffert et qui ont été ramenées à l'intérieur) :

À l'intérieur, une fresque représentant une danse macabre, farandole dans laquelle les morts entraînent les vivants pour rappeler aux hommes du XVe siècle la brièveté de la vie et l'égalité devant la mort, toutes conditions sociales confondues. Il se dit que cette fresque a inspiré Camille Saint-Saëns pour composer sa fameuse danse macabre.

À 7 kilomètres de là se trouve Lanleff et son mystérieux "temple" circulaire dont personne à ce jour ne connaît l'origine (temple romain ou gaulois, baptistère mérovingien ou encore église des Templiers ?). Il ressortirait néanmoins des recherches architecturales et historiques qu'il aurait été édifié vers le Xe ou XIe siècle.

De retour à Plouha en fin d'après-midi la luminosité et la couleur de la mer créent une ambiance assez étrange :

et offrant à la vue des images comparables à certaines aquarelles :

Paimpol, bien connu par la chanson "la Paimpolaise", est une petite ville avec un port assez sympathique :

avec quelques façades colorées :

Située sur le territoire de Paimpol l'abbaye de Beauport mérite assurément une visite :

De Paimpol à Plougrescant Tréguier est une petite ville fort intéressante, de part sa cathédrale et surtout son cloître du XVe siècle :

Dans les galeries sont disposés des gisants (du XVe au XVIIe siècles) et des pierres tombales :

Le centre-ville présente de nombreuses maisons à colombage :

dont certaines sont très bien mises en valeur :

Poursuivant la route vers Plougrescant, on remarque l’église St Jean-Baptiste de Lézardrieux avec ses deux tours d’escaliers typiques de nombreuses églises de la région :

Juste avant d’arriver à la pointe de Plougrescant on remarque inévitablement la petite maison de Castel Meur tellement connue depuis la diffusion massive de photos sur internet :

La pointe de Plougrescant est bien caractéristique de la côte bretonne :

avec ses rochers escarpés et ses vagues se fracassant sur eux :

À Plougrescant même il ne faut surtout pas manquer de visiter la chapelle Saint-Gonéry édifiée au XVe siècle et modifiée au XVIIe siècle. Elle est facilement reconnaissable à son clocher penché :

À l’intérieur on découvre une nef avec un plafond en lambris décoré de peintures naïves représentant des scènes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. On se croirait dans une église Byzantine .
Ces peintures datent de la fin du XVe siècle :

Ces peintures sont de toute beauté. Des panneaux explicatifs sont placés au droit de chaque scène pour que l’on comprenne bien de quelle scène il s’agit : partie haute l’ancien testament partie basse le nouveau testament. Ici la naissance d’Abel (en haut) et la trahison de Judas (en bas) :

Ici la naissance de Caïn (en haut) et la femme adultère (en bas) :

À environ 10 km de là, une autre chapelle mérite un détour si vous avez le temps, pour son aspect architectural particulier. Elle se situe à Penvénan. C’est la chapelle Notre Dame de Port-Blanc dont la toiture est étonnante :

À l’ouest de l’île de Bréhat, sur la commune de Pleubian, se trouve le curieux Sillon de Talbert :

À voir au niveau du sol on ne comprend pas spontanément à quoi correspond cette bande de sable. Un panneau explicatif au départ du chemin est le bien venu, surtout qu’il présente une photo aérienne du sillon :

Cette bande de sable fait un peu plus de 3 km de longueur pour une largeur variant de 50m à 100 m.

Entre Saint Quay-Portrieux et Saint-Brieuc se trouve la charmante petite ville de Binic. Nous y étions à marée basse et le spectacle de la mer qui s’est retirée est toujours aussi fascinant :

Heureusement les autorités portuaires ont signalé à la population qu’il ne fallait pas plonger dans le port à marée basse . . . avec un panneau judicieusement placé :

La mer découvre des zones colorées en vert par les algues :

Et si sont assez nombreux ceux qui vont à pied chercher des coquillages, certains préfèrent y aller en vélo :

Au nord de Binic, Étables-sur-Mer propose à la vue les mêmes paysages en marée basse, seules les couleurs sont différentes et changeantes :

mais les ramasseurs de coquillages sont toujours aussi nombreux :

Un peu au large, de téméraires bateaux jouent avec les rochers (attention, certains sont déjà recouverts par la mer !) :

Et dominant la mer sur une hauteur, située entre mer et route, la chapelle Notre Dame d’Espérance construite en 1850 semble un peu incongrue posée là avec rien autour.

À l’ouest des Côtes-d’Armor : Lannion, ville moyenne construite sur un site de collines, possède un cœur de ville fort sympathique avec bien entendu, comme c’est souvent le cas en Bretagne, beaucoup de maisons à colombage

dont certaines présentent des petites cariatides ou atlantes en bois :

Rues plates ou pentues :

et pignons en façade de rue d’architectures élaborées :

Coup d’œil à Loguivy-les-Lannion (rattachée à Lannion) sur l’église Saint-Ivy et son enclos paroissial. L’architecture de cette église avec plusieurs chapelles latérales est assez fréquente en Bretagne:

À l’ouest de Lannion dans l’estuaire du Léguer le site du Yaudet est fort plaisant pour la promenade. La chapelle de la Vierge couchée possède une tour d’escalier comme l’église à Lézardrieux,

Sur la commune de Pleumeur-Bodou, l’île Grande mérite une ballade à laquelle nous n’avons malheureusement consacré que trop peu de temps. En fin d’après-midi le temps nous à néanmoins gratifié d’une ambiance de fin du monde avec une mer sombre et des rafales de vent qui faisaient trembler sa surface.

Allons maintenant du côté de Saint-Brieuc. La fameuse baie est effectivement très belle, même (et peut- être surtout) à marée basse. Depuis le GR34 à Plérin, au droit du phare de Saint-Laurent de la Mer la baie offre un vaste panorama :

avec une lumière en contre-jour en clair-obscur donnant des impressions à la fois de grandeur et d’inquiétude :

Bien que l’on soit en hauteur, donc sans risque de s’aventurer à pied dans la baie (au droit de l’estuaire du Gouët) un panneau d’information explique la situation historique et géologique du lieu ainsi que ses dangers :

Nous n’avons pas pris le temps de visiter Saint-Brieuc, sinon le vieux centre-ville. Nous y avons découvert ce bâtiment massif . . .

. . . qui n’est autre que la cathédrale Saint Étienne.

En face, au delà d’une petite place, la Préfecture d’architecture moderne mais banale. On est surpris de ce qui passe quelquefois dans la tête de certains architectes qui semblent plus préoccupés par leur projet de bâtiment que de son impact sur son environnement immédiat.

Poursuivant quelques kilomètres vers le nord on peut découvrir l’immense plage des Rosaires :

Et bien entendu, quelques mouettes :

Rappel important : pour moi les deux phénomènes caractéristiques de la Bretagne sont les marées et le cri des mouettes (ou goélands - difficile à distinguer quand ils volent) que l’on entend du matin au soir. Ces cris constituent une ambiance sonore au moins aussi importante que le chant (cymbalisation) des cigales en Provence-Côte d’Azur.

Située à peu près au centre du triangle Saint-Brieuc / Rennes / Saint-Malo se trouve la très belle cité de Dinan. le cœur de la vieille ville est un plaisir des yeux pour qui aime les maisons à colombage, comme celle-ci :

ou celle-là avec son rez-de-chaussée avec colonnes en pierre :

et personnages sculptées sur les pans de bois :

La mise en valeur des pans de bois par des peintures de couleurs marquées n’est pas pour me déplaire :

La promenade sur les remparts permet d’appréhender la vieille ville de fort belle façon :

et de découvrir la rue du Jerzoual grimpant en direction de la basilique Saint-Sauveur.

Voilà la fin de ce mini-carnet de voyage en Côtes-d’Armor.
Il convient néanmoins de lui ajouter deux clins d’œil que l’on a vu dans les marchés et que l’on ne voit pas

souvent dans les marchés des autres régions de France : - les vendeurs de Kouign Amann comme ici à Tréguier :

- et les rôtisseries d’agneau et cochon comme ici à Saint Quay-Portrieux :

Et pour revenir à la mer qui est quand même l’élément incontournable de cette région, quand on a la chance d’avoir un appartement avec balcon avec vue sur la mer, il y a des spectacles de début de journée tout à fait envoûtants comme ce 29 août 2020 vers 8 heures du matin :

Nous espérons que cette promenade en Côtes-d'Armor vous a plu.

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